Le foot et moi nous nous sommes quittés le 20 juin 2010, quelque part en Afrique du Sud, à Knysna dans un bus aux rideaux tirés. Il y a d'ailleurs peu de chances que nous nous retrouvions, même si depuis je m'intéresse toujours à ce sport - à supposer que ce soit encore un sport - sous son angle sociétal et non plus en tant que supporter.
Et pourtant... Et pourtant...
Et pourtant... Et pourtant...
1998, l'inégalable
Et pourtant comment oublier 1998 ? Comment oublier l'odieuse campagne de destruction menée pendant de longues semaines par le journal L'EQUIPE, alors sous les ordres de Jérôme BUREAU ? Comment oublier les BARTHEZ, BLANC, LIZARAZU, DESSAILLY, ZIDANE, THURAM et autres PETIT ou HENRY, sans parler d'Aimé JACQUET ? Comment oublier ce 3-0 en finale face au Brésil, alors une des meilleures équipes du Monde, ce mythique "Et 1 ! Et 2 ! Et 3-zéro !" ? Gloria GAYNOR et son "I will survive" ? Et que dire de Thierry ROLAND et de son "Je crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille. Enfin, le plus tard possible, mais on peut. Ah c'est super. Quel pied, ah quel pied ! Oh putain ! Olala !" ? Comment oublier surtout ces jours, semaines et mois de communion qui ont suivi le sacre ? On est bien obligé de reconnaître que seul le foot peut rassembler autant de monde, tout le monde : jeunes et vieux, riches et pauvres, hommes et femmes, gens de droite comme gens de gauche... On était jeunes, beaux et insouciants, il n'y avait pas d'attentat, pas de périmètre de sécurité, pas de réseaux sociaux, pas de BEIN et surtout il n'y avait jamais eu "d'avant". Que ces moments ont été beaux...
Sans doute que pour ceux qui ont connu 1998 le titre de 2018 n'a t'il pas la même saveur : les premières fois sont toujours différentes ! L'émotion - réelle pourtant - n'est pas la même aujourd'hui. Peut-être un effet de l'âge je vous l'accorde mais surtout parce qu'il y a eu cet "avant" : 1998 restera pour notre génération, comme Séville 1982, Paris 1984 et Guadalajara 1986, un événement spécial et sans équivalent.
"Ça va changer quoi à ta vie ?"
Pourtant, il faut se réjouir de cette deuxième étoile. Sans retenue. Elle arrive 20 ans après la précédente, un joli chiffre, un beau hasard. Ni trop tôt, ni trop tard. Cerise sur le gâteau, cette équipe est une belle équipe. "Proprifiée" par Didier DESCHAMPS envers et contre tous - ça fait un mois que plus personne ne parle de BENZEMA - elle va donner à toute une génération des tonnes de bonheur pour les prochaines années, un sentiment d'unité que peu de choses au Monde peuvent apporter, un point de repère commun, un marqueur indélébile.
Aux pisse-vinaigres bloqués sur le mode "ça va changer quoi à ta vie si on est Champion du Monde ?" j'ai bien envie de répondre tout simplement "et à toi, si on ne l'est pas, ça va changer quoi ?". A l'âge que j'ai, je ne suis pas dupe : mes impôts ne vont pas baisser, je resterai trop riche pour bénéficier de certains avantages et trop pauvre pour bénéficier de certains autres, Emmanuel MACRON continuera de détricoter encore un peu plus le pays, les riches du CAC40 seront toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres et des gens mourront encore de faim. OK. Mais à côté de ça, je préfère mille fois voir un incroyable Kylian MBAPPE que le meilleur de nos hommes politiques ou de nos grands patrons : il est plus un exemple qu'eux. Ecoutez son discours, lui ce gosse de 19 ans né dans le 19ème, ayant appris à jouer au foot dans le 9-3 et qui porte tranquillement sur ses épaules un transfert record à 180 M€. C'est incroyable comment il me rappelle le jeune Tony PARKER dont j'avais lu une interview dans L'EQUIPE je crois alors qu'il n'avait que 17 ans. Puisse t'il avoir la même destinée et le même impact sur son sport et sa génération ! Depuis ce dimanche, il est bien possible que grâce à lui et à ses copains, toute une génération ait des souvenirs pour la vie.
Et je ne lui souhaite qu'une seule chose, à cette génération : regarder dans 20 ans les images de cette année avec les mêmes yeux humides d'émotion que ceux que j'avais en regardant les images vieillies de 1998...
Aux pisse-vinaigres bloqués sur le mode "ça va changer quoi à ta vie si on est Champion du Monde ?" j'ai bien envie de répondre tout simplement "et à toi, si on ne l'est pas, ça va changer quoi ?". A l'âge que j'ai, je ne suis pas dupe : mes impôts ne vont pas baisser, je resterai trop riche pour bénéficier de certains avantages et trop pauvre pour bénéficier de certains autres, Emmanuel MACRON continuera de détricoter encore un peu plus le pays, les riches du CAC40 seront toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres et des gens mourront encore de faim. OK. Mais à côté de ça, je préfère mille fois voir un incroyable Kylian MBAPPE que le meilleur de nos hommes politiques ou de nos grands patrons : il est plus un exemple qu'eux. Ecoutez son discours, lui ce gosse de 19 ans né dans le 19ème, ayant appris à jouer au foot dans le 9-3 et qui porte tranquillement sur ses épaules un transfert record à 180 M€. C'est incroyable comment il me rappelle le jeune Tony PARKER dont j'avais lu une interview dans L'EQUIPE je crois alors qu'il n'avait que 17 ans. Puisse t'il avoir la même destinée et le même impact sur son sport et sa génération ! Depuis ce dimanche, il est bien possible que grâce à lui et à ses copains, toute une génération ait des souvenirs pour la vie.
Et je ne lui souhaite qu'une seule chose, à cette génération : regarder dans 20 ans les images de cette année avec les mêmes yeux humides d'émotion que ceux que j'avais en regardant les images vieillies de 1998...