Marion LABORDE : "J’ai pleuré dès le coup de sifflet final et je ne me suis pas arrêtée jusqu’au retour dans les vestiaires"

Lorsque j'ai eu l'envie d'interroger une joueuse sur ses Jeux de Londres, il ne m'a pas fallu plus de 3 secondes pour que le nom de Marion LABORDE s'impose comme la seule évidence : une toute jeune retraitée, une joueuse de club comme je les aime, une fille du Sud-Ouest : autant de qualités qui ont fait que cela ne pouvait être qu'elle. Restait alors à espérer qu'elle soit d'accord, ce qu'elle a été sans hésiter, avec sa gentillesse habituelle.

· Marion bonjour, comment vas-tu ?
Bonjour Dominique, je vais très bien merci !

· Commençons tout d’abord par l’actualité brulante et le forfait de Céline DUMERC. Quelle a été ta première pensée quand tu l’as appris ? A-t-elle été pour l’Equipe de France ? Pour Céline elle-même ?
Quand j’ai appris la nouvelle je me suis dit : « Non c’est pas possible c’est une blague! ». J’ai tout de suite pensé à elle bien sûr car ça a dû être un moment atroce quand on lui a dit qu’elle ne pourrait pas participer aux Jeux. J’ai vécu un peu le même genre de situation, même si ce n'est pas au même degré, je sais combien c’est très dur. Bien évidemment j’ai pensé après aussi aux filles de l’équipe. Ça doit être terrible d’apprendre une telle nouvelle... Mais elles vont pouvoir montrer leur rage sur le terrain pour Caps.

· Peux-tu imaginer ce que Céline a pu ressentir ? De la détresse ? Un sentiment d’injustice ?
Tous les sentiments ont dû lui passer par la tête je pense : "Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ? C’est injuste… " Beaucoup de colère aussi je pense.

· Comme elle l’a dit elle-même, « rien ni personne ne peut changer les choses ». Que peut-on dire à la personne concernée dans ce cas-là ?
C’est très compliqué de dire quelque chose à ce moment-là à la personne concernée. Surtout quand on l’a en face de soi... Personnellement, je lui ai envoyé un petit message de soutien et de « compréhension » vu que j’ai vécu un peu la même chose en début de saison dernière quand on m’a dit que le sport de haut niveau et moi c’était terminé. Je pense qu’il faut s’entourer des bonnes personnes à ce moment-là.

· Son influence dépasse largement le cadre du terrain. Dans quel domaine va-t-elle le plus nous manquer ?
C’est certain qu’elle va manquer à l’équipe en premier sur le terrain avec toute l’expérience et toute l’influence qu’elle peut avoir sur l’équipe. Ce n’est pas n’importe qui ! En dehors du terrain aussi elle va manquer, rien que parce qu'elle a déjà vécu les JO. Elle sait comment aborder cette compétition.

· Il va donc falloir maintenant faire sans Céline. Crois-tu que nos objectifs puissent être les mêmes qu’il y a 48 heures ?
Oui je crois en l’équipe et comme Caps a pu le dire lors de ses interviews aujourd'hui, j’espère que certaines joueuses vont se surpasser et prendre plus de responsabilités pour combler ce manque. Cette équipe est formée de super joueuses et j’ai confiance en elles. Il ne va pas falloir se laisser déborder par l’évènement et se concentrer vraiment sur les objectifs sans se mettre trop de pression.

· Revenons maintenant à toi. Depuis quelques jours, tu as ressorti des photos des JO de 2012. En un mot, quel est ton sentiment à l’approche de l’évènement ? Nostalgique ? Excitée ?
NOSTALGIQUE 😉 Je ne peux plus jouer à haut niveau et les JO ont été pour moi les meilleurs moments de ma carrière. Le basket me manque quand même, je ne vais pas le cacher. Donc ce n'est pas facile de voir tout ça...

· Vas-tu regarder tous les matchs des Bleues ou as-tu tourné la page basket ?
Oui oui je vais essayer de regarder tous les matchs. Bon sauf ceux qui sont en pleine nuit hein, je les regarderai en replay le lendemain je pense ! C'est trop dur de tourner la page basket et puis bon, c’est les JO quoi !!!

· Il semble que tout soit magique quand on participe aux JO (« j’étais comme une gamine à EuroDisney » as-tu déclaré à Ladyhoop). Comment arrive t’on à conserver sa concentration et à se fixer sur son objectif qui reste tout de même de faire la meilleure performance possible ?
Pour les JO de Londres on était loin d’être favorites pour un podium. Cette adrénaline que l’on peut avoir a sur-motivé toute l’équipe je pense. Et on a eu la chance de pouvoir profiter au maximum des JO. Pierre VINCENT avait instauré quelques règles mais cela nous permettait tout de même de ne pas être 24h sur 24 ensembles. Et ça, je pense que ça nous a aidé aussi. Dès qu’on se retrouvait toutes ensembles, on savait pourquoi : c’était pour tout donner et représenter la France du mieux possible.

· Entre la cérémonie d’ouverture, le Village Olympique qui t’a permis de rencontrer certains sportifs que tu admires ou le podium, quelle a été ta plus grande émotion ?
Ma plus grande émotion a été lorsque nous sommes montées sur le podium. J’ai pleuré dès le coup de sifflet final et je crois que je ne me suis pas trop arrêtée jusqu’au retour dans les vestiaires avec la médaille. 🙂

· Quand tu croises une joueuse du groupe de Londres, vous arrive t’il encore d’évoquer les JO ?
Ça peut nous arriver mais ce n’est quand même pas systématique.

· Ton statut de 10ème, 11ème ou 12ème joueuse à l’époque fait-il que tu as vécu les Jeux différemment des autres Filles, avec moins de pression peut-être ou plus de plaisir ?
Moins de pression je ne sais pas car justement je savais que je n’allais pas avoir énormément de temps de jeu. Donc je n’avais pas le droit à l’erreur lorsque j’étais sur le terrain. Je ne voulais pas décevoir et pénaliser l’équipe avec des erreurs. Mais j’ai pris beaucoup de plaisir à chaque fois que j’étais sur le terrain... et tout autant quand j’étais sur le banc.

· Tu dors avec ta médaille ? Où l’as-tu rangée ?
Mdr Non je ne dors plus avec ma médaille depuis le temps. Elle est rangée chez moi, précieusement, mais ça m’arrive de la regarder quelques fois :))

· Aurais-tu pu aller à Rio cette année en tant que simple spectatrice ou est-ce trop dur après vécu les Jeux de l’intérieur ?
Je t’avoue que ça aurait été difficile... Mais si j’avais eu la possibilité, j’y serais aller volontiers oui.

· Allez, il faut te lancer dans les pronostics !
Mes pronostics…. Alors je dirai Or : USA, Argent : Australie et Bronze : France

· Maintenant que tu as pris ta retraite sportive, que deviens-tu ?
Retour à la vie normale… 😉 Je vais faire une formation dans la petite enfance, concrétiser quelques projets et voilà. La routine, quoi...

· En profites-tu pour faire des choses que tu ne pouvais pas faire avant ?
Oui c’est sûr que je peux faire plein de choses que je ne pouvais pas faire avant avec le basket. Pour le moment pas trop de sport à cause de mes genoux mais lorsque je serai apte je ferai d’autres sports que je ne pouvais pas faire avant. Et puis maintenant je peux profiter de tout sans contrainte !

· C'est toi qui a choisi la photo. Pourquoi celle-ci ?
C'est vrai qu'elle est classique et qu'on l’a déjà vue mais je trouve qu'elle montre parfaitement toute la joie que l’on a pu avoir d’avoir obtenu cette médaille en équipe. Du partage, de l’amitié, du bonheur et de la confiance : tout y est.

· Je te laisse le dernier mot, Marion...
Le dernier mot… Je souhaite à tous les athlètes français de bons JO. Faîtes-vous plaisir et faîtes-nous vibrer. Plus particulièrement aux Filles : on croit en vous ! Vous avez tout mon soutien et mes encouragements. Je vous embrasse fort ;)) et ALLEZ LA FRANCE !

Merci Marion pour ces souvenirs et rendez-vous devant la télé pour profiter du parcours des Bleues, avant j'espère de te retrouver pour de vrai quelque part dans le Sud-Ouest, peut-être autour d'un terrain ou d'un verre...