Fred BERGER (Lyon Basket) : "L'important, c'est ce que les Filles font et pas ce que l'on en retient à l'extérieur"

Avec Damien LEROUX, il est "l'un de ceux qui comptent" en matière de formation dans le basket féminin, deux personnes qui vous grandissent quand vous avez la chance de les rencontrer. Et si Lyon Basket a trusté les titres en U18 et Espoirs ces dernières années, c'est bien entendu grâce à ses joueuses et à ses coachs mais aussi grâce à lui.
Entre deux Final 4 à Nantes (Espoirs) le week-end dernier et à Roquebrune (U18) à partir de samedi, Fred BERGER a bien voulu prendre quelques minutes pour faire le point sur la situation.

• Bonjour Fred, comment vas-tu ?
Très bien, merci Dominique. J'ai la chance de devoir vite passer à autre chose après les défaites. Ma femme et mes enfants n'ont rien demandé à personne ; je me dois donc de passer très vite à autre chose pour pouvoir vivre des moments agréables avec eux. Ce fût le cas dimanche après-midi après notre retour de Nantes donc tout est rentré dans l’ordre.

• Revenons quelques minutes sur le Final 4 Espoirs du week-end dernier. Qu’est-ce qui te « coûte » le plus : la perte du titre de Champion de France que vous aviez depuis 2 ans et qui est très parlant pour le grand public ou la place en NF1 pour ton équipe espoirs qui est peut-être plus importante en termes de basket ?
Ce qui me coûte le plus sur ce Final 4 c'est le fait qu'on n’ait pas réussi à gagner un troisième titre consécutif ! Il était la récompense d'une saison, de plusieurs saisons, la consécration pour des joueuses qui seront là la saison prochaine et d’autres qui sortent de notre CDF. Du coup, la NF2 sera un nouveau départ qui nous permettra de repartir sur de nouvelles bases, ce sera un nouveau challenge.

• Sur la rencontre, dirais-tu que Nantes a gagné son titre ou que Lyon l’a perdu ?
Nantes a joué son match avec un très grand sérieux et une très grande qualité, dans la continuité des deux matchs précédents contre le Hainaut et Arras. Je dirais que Nantes mérite sa victoire et est allé la chercher. Sur ce match, à ce moment-là, Nantes a été meilleur que nous et a gagné son match.

• Si tu devais changer une seule chose dans la préparation de cette rencontre, de votre dernier match de championnat au coup d’envoi, que modifierais-tu ?
Étant donné que nous avons produit un match qui ne correspond pas à ce que l’on souhaitait, je pense qu'il aurait fallu changer plusieurs choses pour pouvoir mieux réussir notre match ! Pour répondre plus précisément, je dirais que je changerais l’organisation des matchs amicaux que nous avons joués en amont de la finale.

• Ta déception, si déception il y a, est-elle plus collective ou individuelle ?
Bien sûr que je suis déçu ! Surtout que nous n'avons pas pu produire notre meilleur niveau de jeu. Je suis déçu pour toutes les joueuses, staff, dirigeants, parents et supporters qui s'investissent sur le projet.

• Caroline AUBERT me disait que finalement, une fois les choses mises en place, les grands principes posés et acceptés, ce sont les joueuses qui détiennent la clé d’un match et non plus les coachs. Est-ce également vrai quand on perd ?
Pour ma part, j'ai tendance à dire que les victoires appartiennent aux joueuses et les défaites aux coachs ! Pour l'instant, pour cette saison, je gagne 2 (Nantes en Espoirs et Montpellier en U18) à 1 (Bourges en U18). Je connais l'ambition de nos joueuses et je sais qu'il leur tient à cœur d’être meilleures que moi !

• Dans quel domaine prends-tu le plus de plaisir ? Le coaching ? Les entraînements ? La gestion du Centre de Formation ?
J’aime mon métier dans sa globalité et ai la chance de pouvoir l’exercer. Ce qui me plait le plus, c'est de manager, driver les joueuses dans tous les domaines de leur vie quotidienne (éducation, basket, scolaire).

• Quand on truste les titres comme vous l’avez fait pendant 3 ans en U18 ou en Espoirs on a en général beaucoup de soutien. Quand on les perd - car il faut être réaliste on ne peut pas tous toujours les conserver - est-ce qu’il arrive qu’on en ait moins ?
Mon sentiment est plutôt l'inverse. J'ai l'impression d'avoir plus de soutien aujourd'hui qu'on a perdu. Lorsque l'on a tout gagné, j'avais l'impression que les gens étaient distants voire même envieux et peut-être même jaloux. Ces titres étaient justes le résultat d'une expression positive sur le terrain.

• Corentin MAHE a succédé à Matthias MANCA. Qu’a-t-il apporté de plus par rapport à Matthias ?
Cette question ne me plait pas trop car j'ai tendance à dire que chacun est comme il est, avec ses qualités et ses défauts. Je n’aime pas les comparaisons car pour moi elles sont toujours mauvaises, chacun est différent. Par contre, si tu me demandes de qualifier Matthias et Corentin, je te dirais que Matthias a la fougue, l'envie et l'énergie et que Corentin a le calme, la sérénité et la lucidité.

• Avez-vous trouvé vos marques facilement tous les deux ?
Nous n'avons pas encore réussi à pleinement optimiser l'efficacité de notre staff. Pour l'instant, nous avons une victoire référence en commun, celle contre Bourges à domicile où chacun était à sa place et où le staff a été efficace. Il faudra s’en servir pour avoir d’autres réussites.

• Tous les clubs se plaignent d’une manière ou d’une autre du coût d’une formation qui ne sort que très peu de joueuses de Ligue. Quelle est ta position sur le sujet ?
Qu’appelle-t-on un "coût élevé" ? Ça dépend évidemment des clubs mais je pense qu'en moyenne ça doit être une à deux bonnes joueuses USA. A Lyon, je n'ai pas cette problématique car on a la chance d'avoir un Président du CDF M.MARICHAL qui fait de la formation sa priorité et un Président de l'équipe professionnelle qui souhaite intégrer des joueuses du CDF à l'équipe pro.
Après, je pense que si l'on veut optimiser les coûts de formation, il faut remanier le règlement : réduire le nombre de joueuses étrangères en Ligue Féminine, proposer un à deux ans de formation supplémentaire pour certains profils, supprimer la possibilité d'avoir une licence amateur en Ligue Féminine, mettre en place des statuts aspirant et stagiaire, valoriser financièrement les clubs qui ont des joueuses en EDF comme c'est le cas pour les pôles espoirs.

• A court ou moyen terme, es-tu inquiet ?
Quand je vois l'évolution des clubs et les choix de ceux-ci, je ne suis pas forcément rassuré quant à la place que pourront avoir les jeunes joueuses françaises en sortie des CDF. D’où le vrai intérêt du projet scolaire de haut niveau.

• S’il manquait 1 seule chose au Centre de Formation de Lyon, quelle serait-elle ?
D’organiser le Final 4 Espoirs chaque saison ;)

• Venons-en à ce Final 4 U18 du week-end prochain. Penses-tu que le match contre Nantes puisse avoir un impact pour celles qui doublent ?
Au vu de cette semaine, il est évident que ce match n'aura pas laissé indifférentes nos joueuses qui étaient à Nantes et qui seront à Roquebrune. Il est clair que cela va jouer !

• En demi-finale, vous allez rencontrer Mondeville qui vous a battu la saison dernière au même stade de la compétition. As-tu ou vas-tu aborder ce sujet lors de la préparation ?
Effectivement la saison dernière nous avions perdu en 1/2 finale U17 contre Mondeville dans un contexte particulier et différent de cette année. Évidemment on va se servir de cette expérience, au même titre qu’on se servira des autres prestations pour préparer et jouer la 1/2 finale de cette année en U18.

• Tu dis souvent que ce n’est pas le résultat qui compte mais plutôt amener les joueuses au maximum de leurs possibilités. Sur un week-end de Final 4 pourtant, on ne retiendra que le résultat et pour te citer, les titres font partie du « patrimoine » du club. Comment gères-tu ce paradoxe ?
Le paradoxe, c'est le week-end dernier à Nantes. On s'est exclusivement focalisé sur le résultat, sur le patrimoine, sur un titre supplémentaire et on connait tous la fin. Ni on a pris du plaisir dans le jeu, ni on a bien joué, ni on a gagné ! Déjà si tu prends du plaisir et tu joues bien, tu auras atteint deux des trois objectifs qu'on s’est fixé. Ce qui est important c'est ce que les Filles font et pas ce que l'on en retient à l'extérieur.

• Dans l’autre rencontre, sur qui mises-tu les 5€ que tu as en poche ?
Aucune idée ! Je connais très bien Montpellier mais absolument pas Villeneuve et ne prends pas le temps de travailler le dossier.

• Tu disais récemment « on laisse un peu de notre personnalité dans la formation ». Que penses-tu ou que souhaites-tu laisser aux joueuses que tu as entrainées ou coachées ?
La seule chose que j’ai envie que les joueuses gardent et retiennent de notre CDF, ce sont les valeurs qu’on a pu leur transmettre.

• Quelle est la question que je ne t’ai pas posée et à laquelle tu tiens pourtant à répondre ?
Où te vois-tu dans 10 ans ?

• Je te laisse le soin de conclure, Fred…
Dominique, merci de m’avoir permis de m’exprimer sur tous ces aspects. Merci d’être sur tous les terrains de basket féminin pour nous transmettre ta passion. Merci aux dirigeants, staff technique, médical, parents, joueuses pour la confiance accordée. Bon Final 4 U18 à tous à Roquebrune !

Merci Fred et rendez-vous à Roquebrune. Quelque soit le résultat final, ce sera une nouvelle fois un plaisir !