Elodie BERTAL: "Je ferai tout pour que nous accédions à la place qui nous correspond au classement. Après, on verra... "

Faire une interview d’Élodie BERTAL, pour les plus anciens qui me suivent, c'est un rendez-vous régulier, un vrai plaisir. La numéro 14 de Perpignan avait d'ailleurs déjà accepté de répondre à mes questions en novembre, en pleine embrouille au sujet de ce qu'il est convenu d'appeler "l'affaire Perpignan". Lire par ici... Quatre mois après, et alors que le terrain a repris ses droits, deux constats s'imposent. D'un point de vue extra-sportif, il semble que tout le monde n'a pas tourné la page ni d'un côté (accueil hostile dans certaines salles) ni de l'autre (l'affaire de la photo). D'un point de vue sportif, l'effectif aligné par François GOMEZ enchaine les victoires et redevient un prétendant au Top 4. A quelques heures de la rencontre face à Aix, c'est une Elo assez remontée - y compris contre moi - qui a bien voulu se prêter une nouvelle fois au petit jeu des questions/réponses.

• Elo, Ou es-tu au moment de me répondre et comment vas-tu ?
Coucou! Je suis chez moi, tranquille. Je profite du beau temps donc ça va super bien.

• Tout d’abord…Bon anniversaire ! 30 ans, c’est fait (ou presque). Alors, ça fait quel effet ?
Merci beaucoup! Changer de dizaine c'est plutôt sympa quand tout va très bien dans ta vie personnelle et professionnelle.

• Une petite tour Eiffel comme d’habitude ? Quel genre te plairait ?
Les 5 que tu as mises pour fêter mon anniversaire étaient juste magnifiques... Je suis ouverte à tous motifs tant que c'est bien fait.

• Comment vas-tu fêter cela ?
J'ai profité de ma journée avec ma famille et ma meilleure amie qui est venue spécialement de Bourges avec son copain. C’était super. Et puis le soir on a reçu mon équipe (joueuses et staff) pour un très, très bon moment tous ensemble.

• En France, on a tendance à penser qu’à partir de 30 ans les sportifs sont vieux. En tant que « vieille » donc, penses-tu déjà parfois à ta retraite sportive ?
Ah ah ah ah super! Tu diras à des joueuses comme Caps qu'elle est vieille... Ce n'est pas l'âge qui m'y a déjà fait penser mais ma situation en septembre dernier où je n'avais pas de club. Maintenant que l'on m'a donné la chance de retrouver le parquet, je me régale. Donc non ce n'est absolument pas un sujet qui me vient à l'esprit pour le moment.

• Tu as cette saison un gros temps de jeu. Pas trop compliqué pour une jeune maman ?
Il est vrai que je joue beaucoup mais surtout que les matchs sont très rapprochés. Ce n'est pas la fatigue qui est difficile à gérer mais plus les absences de la maison. Comme par exemple le déplacement où l'on a enchainé Calais et le Havre: nous somme partis 5 jours et ma fille était malade... Heureusement j'ai un chéri qui gère (grand sourire).

• Arrives-tu facilement à suivre le rythme imposé de deux rencontres par semaine, un rythme européen ?
C'est plus compliqué que le rythme européen car après le samedi nous jouons le mardi et non le mercredi, voire le jeudi. Du coup, quand nous sommes à l’extérieur, nous voyageons le lundi! Les trajets en mini bus comme Calais sont durs à éliminer mais nous nous battons pour oublier la fatigue.

• Globalement, comment trouves-tu ce championnat de Ligue 2 ?
Je trouve qu'il y a des équipes qui se détachent vraiment des autres comme Strasbourg, la Roche, Pau ou Calais. Après, c'est un championnat bien plus physique au niveau des contacts qui sont nettement moins sifflés qu'en LFB. La différence est flagrante. Des fois ça en est même dangereux! Sinon je trouve que ça va jouer aussi beaucoup plus les 1 contre 1 qu'en LFB. Le jeu n'est pas construit du tout de la même façon.

• Qu’est-ce qui t’a le plus surprise ?
Ce sont les contacts qui m'ont le plus surprise. Je ne m'attendais pas à un tel engagement physique, que ce soit aussi rude.

• Peux-tu finir ta carrière en Ligue 2 ou souhaites-tu évoluer à nouveau au plus haut niveau ?
Avec cette saison où je renoue avec un gros temps de jeu, ce qui m'importe plus que tout pour l'avenir c'est un vrai projet professionnel dans lequel je peux continuer à m’éclater.

• Revenons au cas particulier de Perpignan. Lorsque le boycott des clubs de Ligue 2 a commencé, quelle a été ta réaction ?
J'ai trouvé cela déplacé. Je n'en dirai pas plus car cette étape est à présent derrière nous. Heureusement que les droits sportifs ont pris le dessus.

• As-tu envisagé que cela puisse durer jusqu’à la fin de la saison ?
Non je savais que l'on allait jouer car j'avais confiance en la Fédération. Je pensais bien qu'elle allait faire bouger les clubs.

• Et puis tout à coup : miracle ! Une réunion à la Fédération, aucune contrepartie et tous les présidents qui se déballonnent ! Que s’est-il passé ?
Je me plais à me dire que tous les présidents sont revenus à la raison. Nous avons enfin tous pu, joueuses et entraineurs, reprendre notre métier.

• Quelle a été là aussi ta réaction ?
J'ai été soulagée car nous nous entrainions sans savoir si en fin de semaine nous allions pouvoir jouer. C'était difficile pour nous de ne pas avoir de date de reprise, de na pas savoir quand nous aurions le droit de nous exprimer de nouveau sur le terrain....

• A la même époque, sans doute pour calmer le jeu, il a été annoncé par les nouveaux dirigeants que même en cas de montée acquise sur le terrain Perpignan Basket ne ferait pas valoir ses droits. Est-ce toujours d’actualité ou était-ce là aussi un effet d’annonce ?
Je ne suis pas la bonne personne pour répondre à cette question.

• Si cela devait être le cas, s’il fallait repartir en L2, comment réagirais-tu ?
Je suis en contrat jusqu'à la fin de la saison donc pour le moment cette question est prématurée. J'ai accepté de jouer en Ligue 2 et je ferai tout pour que nous accédions à la place qui nous correspond au classement. Après, on verra...

• « Il y a eu un "avant" et maintenant c'est différent » me disais-tu fin novembre lors de notre dernière rencontre. C’est vrai mais nous ne sommes pas non plus dans un monde de Bisounours. Certains clubs ont eu des difficultés et ont été rétrogradés en cours de saison sans avoir eu autant de clémence de la part de leur Fédération. Ça ne vous gêne pas ?
Ça c'est le travail de la Fédération. Tant qu'elle nous donne l'autorisation de reprendre et sauver des nombreux emplois non ça ne me gène pas. Chaque cas est différent et oui, depuis novembre, beaucoup de choses ont changé dans le club. Les dirigeants continuent à travailler dans ce sens.

• Tu t’es plainte récemment de l’accueil reçu à Calais, ton président et ton coach font référence à Léon Trégor ou encore Limoges. Globalement, comment êtes-vous accueillies dans les salles ?
Globalement nous avons été bien reçus, excepté dans les 3 salles que tu cites.

• Est-ce que seulement une fois vous avez essayé d’imaginer que l’on pouvait vous respecter en tant que joueuses tout en contestant l’issue de cette affaire et le passe-droit qui vous a été offert ?
NON, NON, NON! Là on ne nous respectait pas en tant que joueuses, je suis désolée. Se faire insulter tout un match au micro par un speaker, y compris pendant les phases de jeu, ce n'est pas contre notre club: c'est contre nous.

• Depuis le début de l’affaire Perpignan, vous avez toujours communiqué sur le mode « seul contre tous », « nous les gentils contre tous les méchants ». Vous seriez donc uniquement des victimes. Avez-vous choisi le meilleur axe de communication ?
Je suis joueuse de basket. Je ne fais pas partie des dirigeant de Perpignan. Cette question n'est pas pour moi. Moi, je constate juste ce qu'il se passe sur le terrain, ce qui concerne les joueuses.

• Est-ce le rôle d’un Président de club et d’un coach renommé de mettre de l’huile sur le feu ?
Encore une fois je ne peux pas répondre pour eux.

• Le doigt d’honneur mardi dernier, c’était obligatoire ?
Les journalistes se sont fait un grand plaisir en prenant une photo et en la sortant entièrement de son contexte sans demander à aucune joueuse pourquoi???? C'est bien que tout le monde donne son interprétation, mais nous nous savons vraiment à qui était destinée cette photo et pourquoi. En aucun cas ce n'était contre des joueuses, un club ou les institutions. Nous nous sommes d'ailleurs ensuite excusées de cette très mauvaise interprétation.

• Fin novembre, tu me disais que vous seriez une « bande de revanchardes ». Est-ce que cela peut tout excuser ?
Oui nous sommes des revanchardes mais encore une fois la photo n'a rien du tout avoir avec cela....

• La prochaine fois, c’est un bras d’honneur ?
Tiens, c'est bien sudiste cette réaction... Mais bien sur, toujours plus voyons... [NDR: précisons que cette interview a été réalisée avant le communiqué "officiel" des joueuses présentant leurs excuses]

• Si je choisis comme titre pour la rencontre de mardi à Aix « Le match qui n’aurait jamais dû avoir lieu », tu m’en voudras ?
Bien sur que je t'en voudrai. Vraiment on en est encore là alors que nous sommes en mars?

• Comment as-tu vécu les matchs contre Charnay et donc contre ta sœur Géraldine ?
Au match aller, c'était top de profiter d'elle et de mes nièces. Elle vient jouer à Perpi samedi prochain donc on va pouvoir passer un moment supplémentaire ensemble. C'est que du bonheur! Après, sur le terrain, c'est un match de basket comme les autres.

• Maintenant que tu évolues en LF2, est-ce inimaginable de vous revoir toutes les deux sous le même maillot ?
C'est serait génial même pour nous et pour nos filles. J’espère que l'on pourra de nouveau jouer ensemble

• Je te laisse comme toujours le soin de conclure, Elo…
Tout d'abord merci de toujours me suivre (même si je l'ai bien compris tu préférerais que ce soit ailleurs qu'à Perpignan....). Surtout merci de t’intéresser autant au basket féminin, que ce soit les seniors ou les jeunes. C'est sympa de pouvoir lire les articles, même loin de Montpellier. Et puis à mardi...pour un match de basket!

Il semble que je doive une nouvelle fois préciser que je n'ai absolument rien contre Perpignan et que le simple fait de me poser ou de poser des questions ne doit pas alimenter ce qui est devenu un léger complexe de la persécution.
Merci Elo pour ta disponibilité habituelle, c'est toujours un plaisir pour moi. Et à mardi!

> Également la preview de la rencontre par Damien LEROUX (Aix): c'est par ici...