Dessislava ANGUELOVA (Mondeville) : "Le cas de Mondeville concerne la formation et l'avenir de toutes les jeunes joueuses"



Parler basket avec Dessislava ANGUELOVA est toujours passionnant, a fortiori lorsqu’il s’agit de faire le point avec elle sur la situation ubuesque du Centre de Formation de Mondeville – le meilleur de France faut-il le rappeler – relégué administrativement en NF3 il y a quelques semaines.

Petit rappel des faits et des deux dossiers en cours :
- Refus de l’Agrément : en cas de descente d’une équipe de LFB en Ligue 2, l’agrément peut être conservé 1 année. Eu égard à la qualité de la formation mondevillaise, une exception avait été acceptée afin de porter cette durée à 2 ans – sorte de « jurisprudence Mondeville » qui a d’ailleurs été utilisée par d’autres formations et d’autres sports. L’équipe n’étant pas remontée dans le temps imparti (et pour cause), la Rectrice de la Région a alors signifié au club le refus de l’agrément pour la saison prochaine.
- Descente en NF3 : conséquence directe de la non-reconduction de l’agrément, l’équipe 2 de Mondeville se voit rétrogradée de NF2 en NF3.

Deux points principaux interpellent dans le cadencement de ce dossier :
- La saison 2019-2020 ayant été déclarée « saison blanche » sans montée ni descente, il paraîtrait logique qu’elle soit neutralisée et que les 2 ans
accordés à l’USOM pour remonter en LFB prennent en compte cette neutralisation, lui permettant ainsi de conserver son agrément pour 2021-2022
- Pour « boucher certains trous », la FFBB a proposé à de nombreux clubs des montées administratives. Certains clubs se sont ainsi vu offrir une place en NF2 non gagnée sur le terrain. A l’époque de ces dossiers, Mondeville était encore considéré comme Centre de Formation. Une fois connu le refus de l’agrément et la rétrogradation… il était alors trop tard pour déposer un dossier. Ubu, vous dis-je !

Concrètement, la patronne de la formation normande illustre les conséquences de ces décisions : « prenons le cas d’une 2004 arrivée au Centre en U15 : 1ère saison terminée en janvier, 2ème saison terminée en octobre et 3ème saison en NF3 contre des équipes amateures dont certaines ont été promues administrativement de Région alors que nous nous entrainons 12 fois par semaine, y compris pendant les périodes d’arrêt des compétitions. On gagnait déjà nos matchs avec 20 ou 30 points d’écarts, imagine en NF3. Non, ce n’est pas possible. »

Fort de ces arguments mais aussi d’innombrables soutiens sans faille comme celui de la Région, du Département, de Daniel DUFOUR (ancien président de l’USOM) ainsi que celui des parents des joueuses, convaincu de l’importance que la FFBB accorde à la Formation des jeunes, le club a déposé les recours nécessaires avec une confiance non dissimulée dans une issue favorable pour le basket mais surtout pour l’intérêt des jeunes filles concernées, fût-ce au prix de mesures exceptionnelles dictées par une situation exceptionnelle.
Anaelle DUTAT, 17 ans : MVP U17 des Challengers Euro cet été : un des symboles du savoir-faire normand (photo FIBA)

Mais celle que tout le monde appelle Dessi ne se contente pas d’argumenter sur le « cas Mondeville » : elle se projette d’une manière générale sur l’ensemble du basket féminin. Et comme toujours, elle pose de bonnes questions :
- A une époque toute entière tournée vers l’égalité hommes/femmes, pourquoi les Espoirs masculins ont-ils disputé leur championnat la saison dernières alors que nous avons été à l’arrêt dès l’automne ? Pourquoi les Centres sont-ils agréés en Pro A et Pro B chez les Hommes et uniquement en LFB chez les Filles ?
- Quel est le meilleur projet pour une joueuse ? Avoir son équipe première en LFB mais très peu de temps de jeu ou son équipe première en Ligue 2 et du temps de jeu pour progresser ?
Cette fois, Dessislava fait une proposition concrète : « Pourquoi ne pas donner des agréments aux clubs qui « travaillent », qui font de la formation de la joueuse leur priorité même si leur équipe première n’est pas en LFB ? Je pense ainsi à des clubs comme Toulouse en Ligue 2, Angers – qui remonte cette saison – mais aussi Limoges et Voiron en NF1 : ne mériterait-ils pas ce statut comme reconnaissance de leur travail ? »

A date, on ne sait bien entendu pas l’issue qui sera réservée au « dossier Mondeville ». Mais en tout état de cause, quand il s’agit d’un club dont le palmarès est de 6 victoires en Coupe de France et 7 titres de Champion de France U18 et qui compte cet été sans parler de Marine JOHANNES pas moins de 5 internationales en U18 et U19 dont la MVP U18 Anaëlle DUTAT pourtant 2004, on ne peut qu’écouter avec attention… et espérer.

Mercredi 11 Aout 2021
Dominique B.

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