Day off #2: Auschwitz - Birkenau...

La victoire contre les espagnoles mercredi soir fût, comme il se doit, bien arrosée au Patio, notre cantine. La Sobieski n'a pas coulé à flots, mais elle a tout de même nettement plus coulé que d'habitude! La pluie aussi d'ailleurs, sur le coup de 00h30 au moment de rentrer. Un énorme orage avec de non moins énormes bourrasques obligeant les commerçants à rentrer leurs terrasses. Cela a valu à nos 2 landaises et notre aurillacoise quelques chants du pays dans cette ambiance de fin du monde, sans aucun doute pour le plus grand plaisir des clients encore présents. Retour à l'hôtel et coucher vers 1h30-2h00...
Ce matin, no basket. Pas de compétition sur le plateau de Katowice: c'est au tour de ceux de Bydgoszcz de s'y coller. En ce qui nous concerne et après consultation de la météo locale, ce sera...Auschwitz! Oui, oui: Auschwitz. J'en vois déjà qui s'interrogent... Pour tout vous dire, à l'annonce de mon voyage en Pologne j'ai déjà eu ce type de débat avec des collègues et amis, entre les tenants du "on ne peut pas être à 20 kilomètres de ce camp sans aller le visiter" et ceux du "on ne "visite" pas les camps de concentration". Par bonheur le débat n'a pas eu lieu dans notre petit groupe, l'unanimité se faisant sur le fait d'y aller.

Nous voilà donc partis ce jeudi matin vers Oświęcim et Brzezinka, la version polonaise des noms des plus célèbres camps. Nous avons tous lu que la visite était difficile à supporter, que l'accès au camp est officiellement déconseillé aux moins de 13 ans et qu'on ne sort pas indemne de cette visite. Cela semble à première vue un brin exagéré et personne ne sait véritablement à quoi s'en tenir. Sur le trajet, on se raconte même une paire de blagues de circonstance de plus ou moins bon goût pour détendre l'atmosphère... Déjà, quelques kilomètres avant l'arrivée nous sommes arrêtés à l'entrée d'un village. Les habitants sont rassemblés, sans aucun doute plus d'un millier, certains sur la route, à genoux, en train de prier devant un autel provisoire. C'est tout simplement la Fête Dieu et en Pologne, ça représente quelque chose! Une fois la marche en avant reprise, nous parvenons devant un camp. Une dizaine de voitures à peine, pas possible que ce soit cela, Auschwitz. Effectivement, il s'agit du camp de Birkenau et les visites partent d'Auschwitz, deux kilomètres à côté. Nous voilà donc partis vers le plus célèbre des camps de concentration. Sur place, en attendant le départ de la visite guidée, l'une d'entre-nous reconnaît tout de même ne pas avoir mis ses nu-pieds "pour ne pas que la poussière de ce camp ne recouvre (ses) pieds"...
Dans un ensemble dédié au tourisme (plus d'un million de visiteurs par an), nous procédons à l'achat des billets, attendons l'heure de départ (midi pour la visite en français) et finalement démarrons...

Pour ceux qui l'ignorent (dont j'étais il y a encore quelques heures à ce niveau de détail), "Auschwitz" est composé de 3 camps: Auschwitz 1, le plus petit en superficie, Auschwitz 2 - Birkenau, le plus grand et Auschwitz 3 - Monowitz. J'avoue qu'en franchissant la porte sur laquelle est portée la célèbre citation "Arbeit macht Frei" je ressens la même impression qu'il y a quelques années devant la Porte de Brandebourg à Berlin: c'est devant un pan entier de l'Histoire mondiale que nous nous trouvons.

La visite de ce camp n°1, qui doit durer environ deux heures, débute... Baraquements, rappels historiques, détails sur l'organisation sans faille du camp:
> les évadés repris affichés avec un panneau "nous sommes de retour" avant d'être exécutés;
> les familles d'évadés exhibées avec un panneau elles aussi "nous resterons là tant qu'il n'aura pas été retrouvé"
> la potence à laquelle sont pendus les prisonniers les bras dans le dos
Et on en passe et des meilleures...

Tout le monde a bien entendu déjà vu tout cela dans les films ou dans des livres mais le réel est différent. Puis défilent les baraquements: ceux d'habitation, ceux qui sont sensés être des "toilettes", ceux du "Bloc 11" (celui de la mort), ceux du "10" (celui de la stérilisation des femmes), le mur de la Mort contre lequel sont exécutés les prisonniers... Notre guide nous raconte tout dans un français parfait et avec beaucoup de passion.
Puis tout à coup nous traversons un nouveau bâtiment dans lequel sont entreposés les effets personnels confisqués aux prisonniers ou prélevés sur les cadavres: la vitrine des peignes ou blaireaux, celles des chaussures (40.000 paires sont exposées, photo ci-dessous), celles des vêtements d'enfants... Aucun détail ne nous est épargné par le guide...

La plus marquante, la plus bouleversante, est sans aucun doute celle qui renferme 2.000 kilos de cheveux. 2 tonnes de cheveux réels... Au hasard des couloirs, il n'est pas rare de croiser des visiteurs en larmes... La visite du camp n°1 se termine enfin par celle de la seule chambre à gaz/crématoire visitable car non détruit.

Il est temps ensuite de prendre la navette pour Auschwitz 2 - Birkenau. Le camp est beaucoup plus vaste (3 fois plus étendu) et c'est en fait celui que l'on voit "dans les films" quand on assiste au tri des prisonniers. Quelques baraques subsistent: les première construites en briques, les plus récentes en bois, "pour aller plus vite"... Pour d'autres ne subsistent que les cheminées... Au bout de la célèbre voie ferrée, la plate-forme permettant aux SS de faire le tri. Et tout au bout du bout, les chambres à gaz... Elles ont été ici détruites par les allemands lors de leur départ mais les restes subsistent... Enfin, au milieu, un monument érigé à la mémoire de tout cela...
Il est près de 16h30 et il est temps d'avaler - difficilement - une pizza avant de rentrer. Comme prévu, la visite a été éprouvante et on comprend maintenant pourquoi elle est déconseillée aux enfants de moins de 13 ans. Ce soir, ce sera repos des âmes et des corps. Un match compliqué nous attend demain contre l'ogre monténégrin. Le basket va reprendre ses droits mais cette journée aura été marquante à plus d'un titre...

> Auschwitz sur Wikipedia...