C’est quoi ce délire ?

Par Stéphanie MAGOUET



Mais oui, c’est quoi ce délire ?
J’ai suivi pendant neuf ans les Bleues avec une équipe au top européen, finaliste en Pologne (1999) puis sacrée en 2001 au terme d’une finale folle et de deux semaines de compétition intenses. J’ai assisté au "renouveau", concevant la dose de patience nécessaire pour revenir aux standards passés. J’ai eu du mal à comprendre l’obstination jardélienne et tout s’est étiolé au fur et à mesure. L’équipe de France n’a plus été que l’ombre d’elle-même, un groupe timoré, sans vie, sans âme, craignant les avis extérieurs et vivant recluse sur elle-même.
En Turquie, on a voulu croire que ça allait passer. Les Françaises ont buté en quarts. Au Brésil, tandis que les supporters ont traversé l’Atlantique sans cesser d’encourager, malgré les couacs, une équipe décidément tristounette, les Bleues ont continué leur chute. C’en était trop pour les "cadres", ces fameuses joueuses sur lesquelles JARDEL avait tout misé, quitte à renoncer à quelques jolis diamants. Ces départs et le parcours en demi-teinte de la sélection ont fini par avoir raison de la longévité du patriarche qui avait su hisser la France tout en haut de l’Europe, sans parvenir à passer le relais de lui-même. Je n’ai même pas envie d’évoquer le déprimant Euro italien, dont la seule image qui me revienne instantanément est celle de Céline DUMERC, effondrée au pied du panneau rose de la compétition, la tête entre les mains.

Alors, oui, c’est quoi ce délire ?
Est-ce bien cette même équipe qui fait aujourd’hui fi de son passé et des pronostics pour s’imposer de cette façon ?
Est-ce bien ce même groupe, si terne autrefois, qui semble aujourd’hui vivre, savourer et même s’extasier de ses propres performances, dans une insouciance nouvelle, loin des mines déterrées du passé ?
Est-ce la même Céline DUMERC, qui n’osait pas prendre un tir sinon sous la torture, qui est devenue LA patronne ?
Est-ce la même Sandrine GRUDA, remise à sa place dès qu’elle osait s’affirmer en leader offensif et aujourd’hui laissée libre de s’exprimer ?
Est-ce la même équipe qui défend comme une morte-de-faim mais qui ne complexe plus à l’idée de marquer un panier ?
Oui et non. Les Bleues ne se sont pas découvert un talent nouveau en quelques jours. Elles avaient en elles ces vertus. Le déclic a été mental. Elles remportent des matches qu’elles auraient laissé filer autrefois, comme si, soudainement, rien ne pouvait les atteindre et que cette montée d’adrénaline n’était que le carburant pour s’imposer et retrouver leur place de leader sur le toit européen.
On pourrait évoquer l’importance de Pierre VINCENT dans cette prise de conscience. Le coach a usé de son discours si rôdé : les adversaires ont deux bras et deux jambes, comme les Bleues. Il n’y a plus d’étiquette au coup d’envoi, seulement des joueuses avec le même objectif. Qui ne peuvent être départagées que par une envie et une confiance supérieure.

Aussi fou que cela puisse paraître, ce n’est pas un délire, les Françaises croient en elles-mêmes. Comme nous croyons en elles.

Samedi 20 Juin 2009
Stéphanie MAGOUET

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