"Au choc des idées jaillit la lumière"



On peut encore parler ou quoi ?

Ce n'est pas moi qui le dis mais Nicolas BOILEAU, philosophe, poète, écrivain et critique français du XVIIème siècle. Mais j'adhère totalement à cette idée. Ramené au sport en général et au basket en particulier, cela revient à dire qu'un des grands plaisirs des soirs de matchs est de pouvoir discuter et échanger, avec son voisin de palier, à la machine à café ou au stade, bref de refaire le match comme le disait il y a quelques années sur une radio périphérique.
Mais ça c'était jusqu'à hier, jusqu'à ce que l’Équipe de France, son leader Tony PARKER en tête, vienne s'écraser de tout son long en demi-finale de "son" Euro, le seul Pau GASOL dans le rôle du bourreau. Depuis, les réseaux sociaux pullulent de "Vous avez la mémoire courte...", "Ceux qui critiquent TP me donnent envie de vomir...", "J'ai mal au cœur de voir comment on peut cracher sur des mecs qui ont placé la France comme la meilleure nation d'Europe deux ans plus tôt..." ou autres "Je n'en peux plus de ceux qui critiquent Tony PARKER".

Alors quoi ? On ne pourrait pas dire que Tony PARKER a raté son EuroBasket dans les grandes largeurs sans que certains voient cela de manière inexplicable comme une insulte ? On ne pourrait pas parler de sa saison moyenne en NBA et de la gestion de sa présence sur le terrain au prétexte de tout ce qu'il a fait pour les Bleus, pour le basket tricolore et pour le sport français en général ? On ne pourrait pas s’étonner de ne pas avoir revu Mikael GELABALE en 2nde mi-temps ou de n'avoir pas vu du tout Charles KAHUDI hier sous prétexte que Vincent COLLET est Champion d'Europe 2013 ? On ne pourrait pas non plus se demander pourquoi on n'a pas essayé quelque chose d'autre en défense pendant que Pau GASOL tissait régulièrement sa toile du début à la fin de la rencontre sous prétexte de médaille de bronze aux Championnats du Monde 2013 ? C'est tellement plus facile de cracher son venin sur les arbitres, seuls coupables désignés et voués aux gémonies !
Tony PARKER vendredi matin lors de la conférence de presse (L'EQUIPE.FR)

Pourquoi Tony PARKER est grand. Non : le plus grand

Tony PARKER de son côté, est autrement plus grand, y compris dans une défaite qui lui incombe aussi en grande partie. Il a ce "petit quelque chose en plus" que si peu de personnes ont, pas plus d'une par décennie grand maximum... En ce qui concerne, il est avec Eric CANTONA le seul sportif devant qui je pourrais me prosterner et pour lequel j'ai les yeux de Chimène. Il suffit de lire ses déclarations lors de la conférence de presse de ce vendredi, alors que sa présence n'était pas prévue : « Je me suis peut-être mis trop de pression sur cette compétition. C'est la seule raison que j'arrive à trouver : je voulais trop bien faire » a-t-il confié. « Je n'ai jamais trouvé le bon rythme, je n'ai pas été bon, je n'ai pas été adroit. Je n'ai pas réussi à me relâcher et à jouer comme d'habitude. Pourtant, j'ai eu de la pression toute ma carrière. Je m'étais préparé comme jamais et quand tu finis comme ça, tu te demandes ce que tu as fait aux dieux pour mériter ça. Mais c'est la vie...».
Après avoir eu l'intelligence - contrairement à d'autres - de ne pas parler à chaud jeudi soir, en peu de mots tout est dit avec une lucidité qui force le respect (pour ceux qui avaient encore besoin d'être convaincus). Cherchez bien : pas un mot sur l'arbitrage. On assume. Ce petit bonhomme (en taille) à l'échelle de son sport est tout simplement le plus grand sur le terrain mais aussi en dehors, y compris quand il bafouille une compétition comme il vient de le faire. Ce n'est pas une insulte que de le dire, juste un constat respectueux. Après tout, on lui doit bien ça non ?

Samedi 19 Septembre 2015
Dominique B.

Lu 1956 fois